La mort terrible de George FLOYD a provoqué une vague d’indignation et de colère à travers le monde. À juste titre.

Une véritable onde de choc qui touche aujourd’hui la France et, toute proportion gardée, la Suisse.

Un drame qui met en lumière le racisme et la violence qui peuvent s’immiscer au sein des forces de l’ordre.

Qu’il soit larvé ou décomplexé – qu’il se dissimule sous des plaisanteries et remarques douteuses, par les vexations ou humiliations, ou qu’il s’exprime par la violence verbale ou physique – le racisme est insupportable.

Et, bien évidemment, il est encore plus choquant et inacceptable lorsqu’il gagne ceux qui représentent l’Etat et l’Autorité, ceux qui ont fait le serment de vous servir et de vous protéger sans aucune distinction, et auxquels vous avez conféré le pouvoir de restreindre la liberté de mouvement, et d’user de la contrainte si nécessaire. Ni les préjugés, ni la stigmatisation, pas plus que le mépris ou la haine ne devraient avoir leur place au sein des forces de police. C’est un fait.

Mais prise de conscience, indignation et dénonciation ne doivent pas pour autant devenir synonymes d’angélisme, de jugements hâtifs, de stéréotypes, et encore moins d’incitation à la haine d’une corporation.

Nous sommes donc consternés lorsque nous voyons des foules scander des propos haineux à l’égard de tous les policiers – ceux-là mêmes qu’ils embrassaient dans la rue au lendemain des attentats de Paris, pour leur témoigner leur reconnaissance et leur respect.

Nous sommes profondément choqués lorsque nous entendons les appels à la violence contre les fonctionnaires de police sans distinction.

Nous sommes affligés lorsque des manifestants insultent un homme et le traitent de vendu parce qu’il est policier et Noir.

Nous sommes également inquiets de voir certains pouvoirs politiques céder à la pression de la rue et abolir avec précipitation des techniques d’interpellations auxquelles des policiers – formés à ces dernières – ont recours quotidiennement sans qu’aucun incident ne soit pourtant à déplorer. Car hélas, que cela plaise ou non, la violence dans ce qu’elle a de plus brutal est une des réalités dans le quotidien d’un policier. Et être policier, c’est aussi devoir user de la force quand cette dernière est l’ultime recours. Avec professionnalisme, dans le respect du principe de proportionnalité et indépendamment de l’appartenance ethnique ou religieuse. Vos policiers doivent pouvoir disposer des moyens de contrainte nécessaires. Priverait-on les policiers d’armes à feu sous prétexte que ces dernières peuvent tuer ? Assurément pas.

Face à un déferlement certes compréhensible mais o combien risqué de passions et d’émotions, il faut savoir prendre du recul et garder la tête froide : on n’est pas raciste lorsque l’on constate objectivement que certains délits ou crimes sont commis par des bandes organisées en groupes ethniques ou claniques. On n’est pas plus raciste lorsque – pour mettre un terme à ces agissements criminels – on cible ces bandes. Et lorsque – lors d’interventions souvent aussi périlleuses que compliquées – ils doivent faire usage de la force, les policiers ne deviennent pas des tueurs xénophobes pour autant.

Alors non, à Genève, la police n’arrête pas les gens en fonction de leur origine, de leur couleur de peau, de leur confession ou encore de leur orientation sexuelle. Non, les flics genevois ne passent pas les citoyens à tabac. Et non, ils ne sont ni une menace, ni vos ennemis. Au contraire, puisqu’ils s’exposent à chaque instant afin que soient respectés vos droits les plus fondamentaux.

Bien-sûr, les dérives existent. Certes, il arrive que des policiers franchissent la ligne. Et si ces derniers adoptent des comportements racistes, ou qu’ils usent d’une force excessive et non justifiée, alors ils doivent être dénoncés, poursuivis et bien évidemment sanctionnés. C’est le cas à Genève. Des enquêtes sont systématiquement ouvertes, et la Direction de la police, le Département, ainsi que le Ministère Public, ne transigent pas.

Le SPJ a lui aussi toujours condamné avec fermeté ces comportements, heureusement rarissimes dans une police genevoise où toutes les cultures, les langues, les couleurs et les confessions sont représentées. Un patchwork qui vous ressemble et garantit l’ouverture nécessaire à l’accomplissement de nos missions. Une richesse qui fait notre force. Une diversité qui est notre plus grande fierté.

Certains policiers ont été confrontés aux deux formes de haine et d’intolérance. D’un côté, ils ont subi – il y a longtemps certes – insultes et moqueries de la part de collègues en raison de leur origine ou de leur appartenance religieuse; de l’autre, on les a injuriés dans la rue, on leur a craché au visage, on les a agressés physiquement même, sans les connaître, juste parce qu’ils sont flics. L’un de ces comportements serait-il moins blessant ou plus admissible que l’autre ?

Pourtant, en dépit de ces incidents déplorables mais fort heureusement isolés, nous gardons une confiance totale dans nos camarades policiers qui dans leur majorité écrasante sont des femmes et des hommes merveilleux, exemplaires et dévoués, issus de tous horizons et animés par de belles valeurs. Et nous avons le plus profond respect pour les citoyennes et citoyens que nous servons quotidiennement, et qui sauront éviter – nous en sommes certains – ce piège facile qu’est la stigmatisation.