Le TF donne raison au procureur général et demande à la justice de retenir le délit de chauffard. Un nouveau procès en appel aura lieu

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Olivier JORNOT a obtenu ce qu’il voulait. Un nouveau procès pour le policier qui s’est fait flasher alors qu’il était engagé dans une poursuite.

Son objectif ? Que la Cour retienne la qualification de délit de chauffard. Pour obtenir ensuite une condamnation dure et exemplaire à l’encontre de ce policier – votre serviteur – qui ne cherchait pourtant qu’à accomplir sa mission.

Olivier JORNOT veut sans doute aussi laver l’affront qui lui a été fait par la Cour de Justice, qui a pourtant condamné le policier, mais qui s’est tout simplement montrée plus compréhensive.

Le Procureur Général aurait pu se contenter de prendre acte de la décision de cette Cour. Il aurait ainsi eu l’occasion de faire preuve de sagesse et de discernement, ce qu’on est en droit d’attendre du plus haut magistrat du pouvoir judiciaire. Il en serait ressorti grandi, assurément.

Mais aux yeux d’Olivier JORNOT, il s’agissait d’une défaite. Et beaucoup l’ont appris à leur dépens : l’homme n’aime pas être contredit; il déteste perdre; et il est jusqu’au boutiste.

Alors avec le zèle que tout le monde lui connaît, il a donc fait appel à la décision de la Cour de Justice, prônant l’application stricto sensu de Via Secura, une loi pourtant controversée car déraisonnable.

L’histoire n’a-t-elle pourtant pas démontré qu’une application aveugle et zélée de mauvaises lois pouvait conduire à d’insupportables injustices ? Mais peu importent au Procureur Général les circonstances, pas plus que la personnalité ou les intentions du mis en cause. Le règlement. Rien que le règlement. Et ce, quoi qu’il en coûte. Quels que soient les dégâts humains. Même si au final, un homme qui ne voulait faire que son devoir doit être broyé.

Pire encore : Olivier JORNOT décide ainsi de passer un message désastreux aux criminels de plus en plus déterminés et aguerris qui doivent bien se gausser aujourd’hui –  ainsi qu’à tous ces policiers qui renonceront désormais à les poursuivre, par crainte de tout perdre – de même qu’aux citoyens qui en sont les victimes. Ce message, le voici : « soyez assurés que si vous roulez fort, je ferai désormais en sorte qu’aucun flic ne tente de vous rattraper, sans quoi je les briserai »

Certes, nous reconnaissons à Olivier JORNOT son charisme, ses connaissances pointues du droit, de même que sa précision, son énergie et sa rigueur. À lui seul, il incarne toute la force et la détermination du Ministère Public. Il a su le démontrer, notamment dans les affaires qui ont secoué notre République ces deux dernières années. Grâce à cela, nombre de citoyens ont placé leurs espoirs et leur confiance dans le pouvoir judiciaire, après avoir été déçus et trompés par d’autres pouvoirs ou institutions.

Dommage qu’en raison de cet excès d’arrogance, de cette rigueur extrême, de ce manque flagrant d’humanité, d’empathie et de discernement – et qu’en brisant jour après jour ceux qui pourtant le servent au mieux (ses procureurs qui désertent le Ministère Public et ses policiers qui ne le comprennent plus) – Olivier JORNOT s’isole inexorablement et s’expose aux attaques de ceux qu’il dérange et menace. Plus inquiétant encore : il prend ainsi le risque de fragiliser considérablement cet ultime rempart que doit rester le Ministère Public face au crime, à la délinquance, mais surtout face à un certain pouvoir politique qui a failli, qui a encore beaucoup à perdre, et qui aujourd’hui rêve de voir tomber la tête du tout puissant.